C’était le phénomène cinéma asiatique de cet été : Dernier train pour Busan. En raison de mon manque de temps libre, c’est Mawuli qui s’est collé à la chronique de ce film génial. Attention cet article contient des spoil, ne pas lire l’article si vous ne voulez pas découvrir certains moments clés du film. Il sera disponible le 17 Décembre en DVD Blu-Ray (super cadeau de Noël à faire pour un fan de cinéma asiatique ou fan de film de zombie).
Résumé : Un virus inconnu se répand en Corée du Sud, l’état d’urgence est décrété. Les passagers du train KTX se livrent à une lutte sans merci afin de survivre jusqu’à Busan, l’unique ville où ils seront en sécurité…
Source : Allociné
Si vous êtes un passionné de cinéma, vous n’êtes certainement pas passé à côté du film Dernier Train pour Busan. En bon fana d’Asie, c’est un spectacle à ne pas louper, en connaissant le peu d’oeuvres asiatiques -en l’occurrence ici coréenne- qui arrivent à passer nos frontières. Alors pour mériter de grandes affiches un peu partout dans la ville lumière, le film a d’abord été très bien accueilli en Corée, malgré le fait que ce ne soit pas la tasse de thé des coréens. En effet, le type hyper classique du film de zombies est un genre qui ne plait pas forcément à tout le monde, mais on reconnaîtra que le film Dernier Train pour Busan arrive à apporter, avec brio, son lot de nouveautés.
Petit détail qui a son importance, le film a été -à ma connaissance- seulement projeté en version originale. Et j’en remercie l’équipe d’adaptation, les prononciations coréenne et française sont trop différentes pour produire un doublage crédible, à mon avis… Et deuxième petite chose, les personnes qui ne seraient pas allées voir le film sous prétexte qu’elles ne supportent pas l’épouvante, ont fait une grosse erreur. Le Dernier Train pour Busan n’est pas un film d’horreur, mais bien un film catastrophe. C’est d’ailleurs pour ça que je conseille vivement aux personnes sensibles d’aller voir ce film. Bien sûr, avec des zombies, on retrouve quelques scènes impressionnantes et surprenantes, mais la structure du récit et la construction des personnages sont propres au classique du film catastrophe. On suit un groupe conséquent de personnes et seuls quelques élus parviendront à surmonter la crise.
La majeure partie du film Dernier Train pour Busan se déroule à l’intérieur du train, ce qui apporte deux choses essentielles, un sentiment de claustrophobie doublé d’une confusion spatiale, mais (petit bonus pour nous) un sentiment de familiarité, étant donné que le KTX (équivalent au TGV en France) est également fabriqué par Alstom. Le décor du train est parfaitement utilisé et toutes sortes de techniques cinématographiques participent à la mise en scène dans cet espèce de huis-clos pourtant fourni d’un bon nombre de portes.
Pour faire un FMRZ, comprenez un “Film Massivement Rempli de Zombie”, je pense qu’il est assez évident de d’abord soigner ses zombies. Et je pense ne pas trop prendre de risques en disant que c’est chose faite ! D’abord les jeux d’acteurs, qu’on pourrait plus qualifier de chorégraphies pour les zombies, sont très intéressantes, elles se rapprochent de “mouvements inversés” comme s’ils étaient vus en marche arrière, lorsque les zombies se relèvent notamment. Ajoutés à cela, un effet vidéo de saccades et une vitesse d’action redoutable et on obtient un résultat particulièrement bluffant et jouissif. Même le surjeu qu’on reproche souvent aux asiatiques s’accorde particulièrement bien dans ce cas-là.
Toujours concernant les codes de cinéma, il y a quelques scènes qui m’ont, pour le moins, étonné… L’histoire des deux mamies tout d’abord, on sent qu’un message moral est censé ressortir de ces deux personnages, mais il est difficile de comprendre lequel… Il semblerait que ce soit quelque chose de très proche de la mentalité coréenne, mais tout ce que j’en ai retenu c’est “Ceux qui aident n’ont rien, mais ceux qui n’aident pas finissent par avoir des remords” qui est un leitmotiv qui revient souvent dans le film. J’aime particulièrement les films coréens parce qu’au lieu de simplement copier le cinéma américain, comme le ferait certains, ils osent parfois des choses inédites qui bousculent les habitudes des blockbusters US, comme les very-bad ends qui sont assez fréquentes dans les thrillers coréens. Pourtant j’ai été surpris de voir des séquences très “à l’américaine” pendant le film, je pense à deux passages en particulier. Premièrement, la punition divine qui ordonne que les personnages ayant fait du mal ou n’ayant pas défendu les justes doivent être punis de mort (bon même si ce n’est pas tout de suite le cas pour le fameux patron qui tue tout le monde…). Autre scène qu’on peut retrouver dans tout bon blockbuster qui se respecte, le gros baraqué qui se sacrifie pour l’équipe en tabassant un max de monstres avant de succomber en héros, sans heureusement nous faire l’affront de le faire revenir à la fin du film…
De ce que je crois connaitre de la Corée du sud, les supports d’expressions artistiques ont toujours été un moyen privilégié de formuler des critiques envers la société, et ce, encore aujourd’hui. Donc même dans un film de divertissement, on retrouve toujours des messages plus ou moins dissimulés et des valeurs fortes ancrées. En Corée, il existe de forts écarts, notamment entre les “puissants” et le peuple. D’un côté, le gouvernement souvent accusé de corruption et de mensonges, les giga entreprises appelées chaebols, très proches de l’état et exerçant une autorité parfois plus menaçante que ce dernier. De l’autre, le peuple qui subit à la fois une forte oppression, mais également des pressions concernant des standards sociaux très stricts à suivre, les seules issues étant d’avoir le courage de se démarquer et évidemment de s’unir contre les véritables menaces.
On retrouve ces thèmes dans Dernier train pour Busan, à travers le personnage principal et l’antagoniste, mais également autour de la profession du personnage principal, on remarquera qu’on a très peu d’info sur l’origine du problème, dénonçant une certaine manipulation des médias. En ce sens, le film se rapproche fortement d’un autre chef-d’oeuvre coréen, The Host, les deux films partagent d’ailleurs les mêmes problématiques fortes; les expériences contre nature orchestrées par de grandes compagnies et menant à des catastrophes à grande échelle ou encore la nécessité de faire preuve de solidarité. La morale qu’on pourrait en tirer est qu’il faut maintenir un certain respect envers mère Nature et, par extension, envers la tradition. La figure de la fille du héros, nous rappelle également, qu’avant son propre confort, il ne faut pas oublier son humanité, car nous existons toujours au sein d’un plus grand ensemble.
On remarquera quand même la manière plutôt inédite d’aborder une famille séparée par un divorce, la grand-mère insiste pour préserver le couple et la tradition, tandis que l’opposition de Gong Yoo montre bien que, malgré tout, la société est en constante évolution et qu’il faut apprendre à vivre avec son temps.
Article écrit par Mawuli
Conclusion d’Y-ling : Le film est vraiment génial et en plus il y a Gong Yoo dedans. C’est à la fois divertissant, sursautant avec les zombies, innovant et intéressant car il aborde des problématiques de la société coréenne actuelle. Donc un conseil : Dernier train pour Busan est un film à voir !!
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